
A toi qui a obtenu le diplôme de maman en accouchant de ce bébé, Tu l’avais tant imaginé, espéré durant ta grossesse, Tu avais observé ces mères autour de toi ... Tu t’étais dit que jamais tu ne crierais sur ton chérubin comme elles, que tout cet amour te porterait au delà des difficultés. Tu l’aimais déjà tellement ... Ce petit être est arrivé. Tu as pu sentir ton cœur s’emballer direct. Peut être pas... Tu as commencé à te donner tort de ne pas y être capable comme toutes les autres mères... Et puis tu es repartie, le bébé dans le cosy, sans décodeur, sans mode d’emploi. La fatigue s’est installée. Mais, quand on aime, on ne compte pas... Alors, tu as pris sur toi, tu as éteint les sensations de ton corps pour te donner totalement à cet enfant , que tu avais tellement désiré. Tu as chassé ces voix qui te disaient que c’était trop dur. C’est pas possible! Arrête! L’instinct maternel ne requiert pas d’effort. Tu as emprisonné tes pleurs, tes doutes, tes envies de prendre l’air. Une mère sait, elle perçoit, elle devine... Combien de fois t’es-tu demandé ce qui clochait chez toi? Qu’est ce qui fait que les autres bébés dorment, mangent, ne pleurent pas??? Qu’est-ce qui s’est passé pour que ça ne soit comme ça avec toi? Petit à petit, ce qui devait prendre des airs de magie à viré en parcours du combattant. Tu ne sautilles pas de joie, tu rampes, la tête scotchée à la boue. N’en parle pas, tais toi... Et puis, tu rencontres tant de gens qui ont leur avis sur la question... « Laisse-le crier, tu lui donnes trop à manger, tu devrais essayer ce lait, c’est le problème avec l’allaitement, on ne sait jamais ce qu’il prend. Il fait son capricieux... » Peu à peu, tu n’en peux plus... Tu passes des rires aux larmes, parfois même, tu te fais peur avec tes accès de colère, de haine... Tu ne vois presque plus ce bébé d’amour, tu as l’impression d’avoir accouché d’une sangsue.. Juste quelques minutes de pause, juste le temps de reprendre son souffle... Appui sur off... Le mensonge t’éclate en pleine face: être mère, c’est pas la Vie en rose. Et pourtant, il aurait suffi de quelques mots pour te rassurer, quelques gestes comme pour te dire que tu n’es pas seule et que tu fais ce que tu peux, quelques bribes d’humour sur ce chantier en totale implosion. Quelques témoins pour t’affirmer qu’être mère, ça s’apprend. Qu’être mère, ça vient totalement bouleverser ta vie et parfois y mettre un bordel total. Tu n’es pas anormale, tu n’es pas seule... tu es courageuse et tu crées tant avec ce que tu traverses et vis. Ce bébé a explosé tes repères, comme un raz de marée dans lequel tu bois souvent la tasse. Et c’est peut-être aussi dans ce désordre apparent, dans ce dépouillement total que peut surgir la plus belle des rencontres, celle avec toi.
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