
Quand je pense à moi enfant, adolescente et même jeune adulte, j'ai le souvenir d'avoir très souvent senti un décalage entre ce que je vivais, ce que je ressentais et ce que je percevais des autres. Ils semblaient toujours beaucoup plus à l'aise que moi dans nos conversations, dans nos vies en groupe, dans le quotidien en général.
De mon côté, je ramais!!! Je regardais mes pairs qui s'esclaffaient à une blague que je n'avais pas comprise, qui avaient des petits copains avec qui ils s'embrassaient à bouche que veux tu. Et moi , ben, j'avais l'impression que je n'arrivais rien à faire comme eux!
Je crois que j'avais une envie profonde de Vérité et de justice. Et je compris bien vite que ça ne serait pas possible de l'exprimer. Ou en tous cas, c'est ce que je croyais.
Me montrer telle que j'étais semblait à mes yeux dangereux, inadapté dans ce monde, gênant, incompris.
Alors, sans vraiment le décider, j'ai observé les autres, et je suis devenue caméléon. je les singeais et je faisais semblant: semblant d'être une fille cool, semblant d'adorer rire aux éclats en faisant beaucoup de bruit, semblant de détester apprendre. Je reniais ma nature profonde pour me mettre au service de l'illusion.
C'est comme si j'étais venue sur cette terre sans mode d'emploi! J'avais l'impression que tous avaient reçu en cadeau de naissance la puce intégrée "comment vivre dans ce monde heureux et libres!" tous, sauf moi!! Je pensais être incomplète et raisonnais toujours en termes de pas assez ou trop: je ne suis pas assez cool, pas assez belle, trop bête, trop intelligente.....
Ce sentiment flou évidemment à l'époque a fait jaillir en moi un véritable rejet de qui j'étais! Comment pouvais je valoir quelque chose alors que je n'arrivais rien à faire comme les autres!
Comment pouvais je être une personne intéressante alors que dans un groupe, jamais personne n'entendait le son de ma voix?
Evidemment, porter les combinaisons des autres ne permet pas d'avoir celle vraiment ajustée à Soi!
Alors, ça craque! ça se déchire! Tout étouffe! Pour moi, cela s'est présenté par des manifestations physiques. Vous savez, les jolis noms qui font très scientifiques: chère madame, vous souffrez d'agoraphobie et d'érythrophobie!
LA Vie, ce que j'étais vraiment, continuait de m'envoyer des signaux et je pense que j'en avais tellement peur que je ne trouvais qu'une seule solution: lutter encore et encore! Les fortifications devinrent de plus en plus solides. Je ne pouvais pas laisser passer des fragments de Qui j'étais, c'était trop dangereux! Et surtout, je croyais vraiment que j'étais toutes ces élaborations!
Je ne comprenais pas que c'était la vie qui se disait en mettant de la couleur sur mes joues, je ne décryptais pas ses messages d'amour cachés derrière cette souffrance de relation au monde.
Je compris, bien plus tard, que la violence que le monde semblait m'infliger n'était en fait que le reflet de celle que je m'imposais. Chaque jour, la vie me montrait combien je me maltraitais à croire que j'étais quelqu'un d'autre. J'avais construit des barrages qui ne respectaient pas le flux naturel du libre écoulement. La lumière passait à travers les failles de mes constructions et j'avais beau la refuser, elle arrivait toujours à se dire!
Pour moi, tout ce parcours est mon chemin. les difficultés d'hier prennent peu à peu sens dans la vérité d'aujourd'hui. Rien ne se fait d'un coup de baguette magique et les pelures de mon oignon s'enlèvent peu à peu. Ce qui me paraissait hier une faiblesse se montre aujourd’hui comme un témoignage que toujours La vie se dit.
Je vous souhaite à tous de pouvoir entendre les messages de votre lumière quelles que soient les constructions échafaudées. elle sera toujours là, s'écoulant tranquillement.
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