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  • Virginie Rabier

Passer la vague !


Depuis quelques jours, je suis en mode stagnation. En tous cas, c’est comme ça que je le ressens. Je n’ai envie de rien. Tout me pèse. Mon corps souffre à plusieurs endroits.Je n’ai aucune énergie.

J’accueille du mieux que je peux ces émotions, ressentis, flux qui me traversent, sans les juger, sans résistance. Juste Etre à ce qui se présente, sans y accrocher aussitôt une tentative de compréhension, de décorticage du pourquoi du comment.

Et , puis ce matin, je me sens sentie mieux. Et je me suis entendu penser : « ça y est, j’ai passé la vague ».

Je me suis demandée alors comment je faisais à la mer quand des vagues arrivaient. Et vous comment faites vous? j'y ai vu plusieurs possibilités:

Quand une vague arrive sur nous, alors que nous sommes dans l’eau, on peut se dire « oh la la! elle est vraiment énorme. Je n’arriverai jamais à la passer!

Vite vite, on décide de retourner au bord et on la laisse seulement venir nous lécher le bout des orteils. C’est un peu comme retourner dans sa zone de confort, sur la plage, au sec. Et il n’y a rien de bien ou de mal. C’est un espace que l’on connaît, qui nous est familier. Parfois, le sable nous brûle les pieds et nous contraint de retourner à l’eau. Alors, on mettra en place un jeu d’allers- retours mer/plage, plage/mer. On peut aussi voir arriver cette vague, penser « oh la la! celle là, elle est grosse! » et choisir de rester malgré tout.

A ce moment, tout notre corps se tend pour se préparer à la recevoir. Lorsqu’elle vient à notre contact, on peut sentir le coup de fouet sur notre ventre, notre poitrine, nos jambes. On peut garder d’ailleurs quelques rougeurs de son passage. Le maillot a pu voler. Parfois, elle nous entraîne avec elle et après quelques moments (pendant lesquels nous pouvons boire la tasse, faire des pirouettes d’avant en arrière), nous arrivons à rouvrir les yeux et découvrons que nous sommes de retour en bord de plage, les quatre fers en l’air. Malgré notre résistance, nous sommes passés dans la machine à laver et sommes bien heureux de retrouver la terre ferme, les fesses et les mains bien vissées dedans!

Nous n’avons pas compris grand chose, avons subi cette force et avons fait ce que nous pouvions pour garder notre maillot! Nous avons crée une résistance plus ou moins consciente face à la vague.

Ca évidemment, ce sont pour les grosses vagues. Pour les petites, notre corps peut être tendu aussi pour ne pas se laisser emporter avec elles, mais comme leur force est moindre, nous arrivons à les dépasser sans trop de heurts visibles. C’est dans l’après coup qu’on peut voir apparaître quelques bleus ou marques rouges sur notre corps.

Parfois, nous choisissons de sauter par dessus les petites vagues. On les sent alors nous effleurer et continuer leur chemin.

Et puis, on peut accepter face à cette vague de plonger complètement dedans.

On attend plus ou moins fébrilement qu’elle arrive. Lorsqu’elle est prête à nous engloutir, on se jette la tête la première à l’intérieur d’elle. On peut perdre contact avec la surface, perdre ses repères et ne plus voir grand chose pendant quelques instants. Mais, on a une idée générale de la direction que l’on souhaite donner à notre mouvement et on est pleinement conscient du moment.

Le bruit du dehors se fait moins audible pour mieux entendre le bruit du dedans, les battements de notre corps, les oreilles qui peuvent monter en pression. on est complètement immergé, tout notre être baigne dans ce mouvement.

Lorsque l’on remonte à la surface, on a parfois besoin d’un temps pour se réapproprier l’espace dans lequel on se trouve à présent.

On se connecte à la joie d’avoir dépassé cette vague en faisant corps avec elle.On découvre notre force à son contact et on sait dorénavant qu’on est capable, qu’on en a le pouvoir.

Il est possible que la prochaine nous effraie. Nous n’oserons peut être pas à nouveau plonger en son coeur. Alors, nous pourrons faire le choix de reculer sur la terre ferme ou arc bouterons notre corps pour faire front.

Mais nous savons dans notre for intérieur que nous avons déjà réussi et nous savons que nous pourrons recommencer.

Avons-nous fait appel à quelqu’un face à ces vagues? face à chaque situation? Non! Nous avons choisi, plus ou moins en conscience, ce qui nous semblait juste sur l’instant. Il est possible que quelqu’un nous ait encouragé de la plage ou dans la mer. Mais nous ne nous sommes pas empressés de renfiler les brassards et les bouées.

Peut être avons-nous eu besoin d’abord d’observer comment ceux qui nous entouraient procédaient face à ces vagues.

Regardez avec quelle faculté les enfants peuvent se faire chahuter par les flots tout en riant de bon coeur.

Pourquoi ne pas se remplir de l’assurance intérieure de cet homme face à la vague qui ira quelle que soit sa taille? Sachons que si nous voyons cette assurance en l’autre, c’est bien parce que nous portons aussi en nous cette graine.

Certaines vagues arriveront sans que nous ne les ayons vues. Après un moment d’étonnement, nous nous souviendrons comment nous avons fait pour traverser la dernière. Alors, nous pourrons plonger, sans résistance, à l’intérieur de cette invitée surprise.

Nous l’accueillerons, ferons corps avec elle. Parce que nous avons compris que c’est la façon la plus juste pour pouvoir en retirer le meilleur pendant et après.

Au fil des expériences, nous pourrons nous équiper de super lunettes de plongée. Ainsi, nous pourrons en chaque Un-s-temps d’immersion observer ce qui se passe sous la surface, les présences marines, apprivoiser ce nouvel univers.

Alors, quand une nouvelle vague se présentera à moi, une vague d’émotions, peut être aurais- je un moment de résistance ou de fuite. Peut être n’aurais-je que l’envie de vite retrouver ma zone de confort.

Mais, je sais aussi que je pourrai enfiler mes lunettes de plongée et m’immerger au coeur de ce qui me traverse. Parce que j’ai pu faire l’expérience que la vague passe.

L’accueillir pleinement, sans brassards systématiques ( sans faire appel à une aide extérieure aussitôt), c’est me permettre de découvrir ma force, et la douceur de l’abandon.

Faites confiance dans votre force. Autorisez-vous à plonger, à suivre le courant, à observer vos résistances. La vague passe, elle est habitée par le mouvement de la Vie.


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